Présentation générale du Plan d'études romand

Contexte        PDF

ANCRAGE INSTITUTIONNEL ET LÉGAL

Le Plan d’études romand (PER) s’inscrit dans le contexte de la Constitution fédérale (art. 62, alinéa 4) adopté par le peuple le 21 mai 2006. Cet article concerne l’harmonisation de l’instruction publique en Suisse et réfère notamment à l’âge de l’entrée à l’école, à la durée et aux objectifs des niveaux d’enseignement et au passage de l’un à l’autre [1]. Couvrant l’ensemble de la scolarité obligatoire, le PER répond à la volonté d’harmonisation de l’école publique en déclinant les objectifs de l’enseignement dans une perspective globale et cohérente et en définissant en particulier les attentes fondamentales de fin de cycle.

 

Le PER s’inscrit également dans le cadre de l’Accord intercantonal sur l’harmonisation de la scolarité obligatoire (Accord HarmoS) : acquisition et développement de connaissances et de compétences fondamentales, définition des domaines d’enseignement, développement de la personnalité autonome des élèves et acquisition de compétences sociales [2].

Le PER constitue en outre un élément déterminant de l’Espace romand de la formation que la Conférence intercantonale de l’instruction publique de la Suisse romande et du Tessin (CIIP) a instauré par la Convention scolaire romande. Il reprend et concrétise les finalités et objectifs de l’école publique tels qu’ils figurent dans la Déclaration du 30 janvier 2003 de la CIIP et traduit ainsi la volonté d’harmoniser le système éducatif et de coordonner les politiques de formation des cantons romands.

Le PER traduit concrètement les articles 7 et 8 de la Convention scolaire romande :

– en cohérence avec les domaines d’enseignement définis dans l’Accord intercantonal suisse HarmoS;

– en définissant les objectifs d’enseignement;

– en déclinant des attentes fondamentales de fin de cycle en lien avec les standards nationaux de formation;

– en s’inscrivant dans une visée évolutive.

Le PER décrit les tâches d’instruction et d’éducation que l’école publique doit assurer en les déclinant dans le cadre des domaines et disciplines communs à l’ensemble des cantons de Suisse romande [3]. Il tient compte du contexte international en reprenant des éléments communs à de nombreux plans d’études récents. Ces éléments concernent tant l’organisation et la structure du plan d’études, que la délimitation et la dénomination des domaines de formation.

 

BREF HISTORIQUE

La volonté de coordonner l’école et les plans d’études en particulier n’est pas nouvelle en Suisse romande, puisque la CIIP a adopté en 1972 un premier plan d’études commun («CIRCE I» pour les degrés 1 à 4), suivi en 1979 par un plan semblable pour les degrés 5 et 6 («CIRCE II»), puis en 1986 pour les degrés 7 à 9 («CIRCE III»). Un plan d’études pour les degrés 1 à 6 rassemblant les principaux objectifs d’apprentissage a été adopté par la CIIP en mai 1989 [4].

La Déclaration de la CIIP relative aux finalités et objectifs de l’école publique a été accompagnée d’importants travaux visant à définir le cadre de référence d’un plan d’études commun. Ces travaux ont permis de définir les objectifs d’apprentissage que l’école se doit d’assurer. Ce plan d’études cadre a fait l’objet d’aménagements et de modifications suite à sa mise en consultation en 2004.

Initiée dès 2004 dans l’espace des cantons de Berne, Jura et Neuchâtel, la réalisation d’un plan d’études commun a successivement vu les cantons de Fribourg, Valais, Genève et Vaud rejoindre les travaux en cours pour donner naissance au PER. Ce dernier manifeste clairement la volonté des cantons romands d’harmoniser leur enseignement par le biais d’un cadre de référence commun décrivant les contenus et les visées de la formation dispensée par l’école publique.

Le PER a bénéficié de l’expérience et du développement récent de plans d’études cantonaux en intégrant leurs apports respectifs.

 

RÔLE DU PLAN D'ÉTUDES ROMAND EN TANT QUE CADRE DE RÉFÉRENCE

Le Plan d’études romand offre aux sept cantons la possibilité de s’assurer que les différents cursus d’études contribuent tous à la construction d’une culture partagée par l’ensemble des élèves. Le PER est un curriculum qui définit ce que les élèves doivent apprendre. Dans le contexte actuel, la diversification croissante des sources d’information et des lieux d’apprentissage implique que l’école doit être ouverte sur le monde. Le PER constitue en même temps une référence permettant aux professionnels de l’enseignement :

– de situer leur travail dans le cadre du projet global de formation de l’élève ;

– de situer la place et le rôle de leur-s discipline-s dans ce projet global ;

– de visualiser les contenus d’apprentissage ;

– d’organiser leur enseignement ;

– de disposer, pour chaque cycle, d’attentes fondamentales comme aide à la régulation des apprentissages.

 

CARACTÈRE ÉVOLUTIF DU PLAN D'ÉTUDES ROMAND

Le PER, produit évolutif, peut être périodiquement repris, amendé et complété. Référentiel fondamental et instrument d’harmonisation de l’enseignement, il ne peut cependant être constamment modifié. Ses adaptations doivent en effet être annoncées et planifiées sur la base de décisions prises par la Conférence intercantonale de l’instruction publique.

Les adaptations du PER s’appuient sur des besoins clairement identifiés :

– changements importants dans l’enseignement d’une discipline (degré d’enseignement, évolution des exigences,…) ;

– prise en compte des résultats d’évaluations régionales, nationales ou internationales ;

– décisions majeures des autorités concernant un domaine, une discipline.

Le dispositif de veille permanente du PER mis en place par la CIIP permet aux cantons, aux établissements et au corps enseignant de disposer d’un potentiel d’évolution répondant aux besoins communs. Ce suivi évolutif concerne particulièrement :

– l’adéquation du PER à la réalité de l’enseignement (évaluation de ses effets après quelques années de pratique) ;

– le développement de ressources (nouveaux moyens d’enseignement, moyens et ressources en ligne, banque de données,...) ;

– l’adaptation de la plateforme informatique du PER, en particulier en ce qui concerne les liens vers des ressources diverses;

– le développement d’épreuves romandes communes.

 

LA PLACE DE L'ÉDUCATION EN VUE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ET DE L'ÉDUCATION À LA CITOYENNETÉ DANS LE PER

Éducation en vue du développement durable

Enjeux majeurs de ce début du vingt-et-unième siècle, les problématiques liées au développement durable impliquent d’appréhender de manière systémique la complexité du monde dans ses dimensions sociales, économiques, environnementales, scientifiques, éthiques et civiques.

Une Éducation en vue du développement durable (EDD) poursuit avant tout une finalité citoyenne et intellectuelle : elle contribue à la formation de l’esprit critique en développant la compétence à penser et à comprendre la complexité. L’EDD teinte l’ensemble du projet de formation ; en particulier, elle induit des orientations en Sciences humaines et sociales, en Sciences de la nature et en Formation générale.

L’EDD incite et favorise les approches interdisciplinaires. Elle ne doit toutefois pas être vue comme finalité de tout apport scolaire. Si certaines connaissances et éléments culturels peuvent effectivement être réinvestis dans des analyses en vue du développement durable, ils trouvent leur bien-fondé dans l’histoire scolaire et dans les exigences sociales et professionnelles.

Dans la perspective d’une EDD, la mise en lien des connaissances et des démarches issues de différentes disciplines est associée au développement d’une attitude citoyenne qui se concrétise à l’école dans l’Éducation à la citoyenneté.

Éducation à la citoyenneté dans le PER

Cette dernière est destinée à préparer les élèves à participer activement à la vie démocratique en exerçant leurs droits et responsabilités dans la société. Elle articule des connaissances et une pratique citoyenne effective dans le cadre des cours, de la classe et de l’établissement, ainsi qu’une ouverture aux enjeux de société. Pour ce faire, l’Éducation à la citoyenneté s’organise autour de trois pôles en interaction : Citoyenneté et institutions, Pratique citoyenne à l’école, Citoyenneté et enjeux de société.

 

Tableau citoyenneté

L’importance relative des trois pôles et leurs interactions évoluent au cours de la scolarité en rapport avec l’âge des élèves et des apprentissages antérieurs.

Le début du cycle 1 est caractérisé par un important travail de socialisation qui est constitutif d’une Pratique citoyenne à l’école posant ainsi les premiers jalons de l’apprentissage de la citoyenneté. Cela ne signifie pas pour autant que les deux autres pôles sont absents de ce cycle; des problématiques en lien avec Citoyenneté et enjeux de société peuvent déjà être abordées avec les élèves.

 citoyenneté cycle 1

Au cycle 2, le pôle Pratique citoyenne à l’école reste prépondérant, mais le pôle Citoyenneté et enjeux de société prend de l’importance. Les sujets abordés mobilisent des connaissances et des compétences élaborées dans différentes disciplines.

Le pôle Citoyenneté et institutions vise des apprentissages s’appuyant en priorité sur les événements politiques au niveau local ou communal.

citoyenneté cycle 2

 

Au cycle 3, l’importance des trois pôles est plus équilibrée. Citoyenneté et institutions prend alors de l’importance (SHS 34) et les deux autres pôles sont explicités dans la Formation générale.

 citoyenneté cycle 3

 

 

RÔLE DES APPRENTISSAGES FONDAMENTAUX DANS LA PREMIÈRE PARTIE DU CYCLE 1

L’enfant qui entre à l’école porte en lui la culture, les habitudes et les valeurs de sa famille et de sa communauté. Pour devenir élève, il devra construire les instruments favorisant ses apprentissages et son intégration dans le monde scolaire. Les deux premières années de la scolarité sont donc essentielles pour accompagner chaque élève en devenir, d’où qu’il vienne et quel que soit son bagage.

Le cycle 1 fournit le cadre, les conditions et les moyens adéquats pour que cette transition soit vécue harmonieusement dans le respect des exigences posées par le développement psychomoteur, psychologique et affectif de l’enfant. C’est pour cette raison qu’il est essentiel que les enseignantes et enseignants du cycle 1 et des deux premières années scolaires consacrent le temps nécessaire à aller à la rencontre de chaque enfant pour l’accompagner adéquatement en tant qu’individu mais aussi en tant que membre d’un groupe constitué lors de son entrée dans le système scolaire.

Les enjeux de cette étape essentielle s’articulent autour de trois aspects :

– la socialisation ;

– la construction des savoirs ;

– la mise en place d’outils cognitifs.

Le premier aspect, fondamental, concerne la socialisation de l’enfant au contexte scolaire. Dans cette perspective, les deux premières années du cycle sont le lieu de transition privilégié entre la famille et l’école. La socialisation visée peut être définie de la manière suivante : apprendre à vivre et interagir avec des pairs, apprendre à accepter une autorité tierce, apprendre à accepter et à suivre des règles de vie, de fonctionnement, thématiques développées par la Formation générale. Mais la socialisation scolaire ne peut s’effectuer sans apprentissages. Au-delà et en plus du « vivre ensemble », il s’agit d’« apprendre ensemble » à partir d’un travail sérieux, même si ce travail emprunte parfois les formes du jeu.

Le deuxième aspect, complémentaire, vise la construction des savoirs tels que définis par l’institution scolaire. Apprendre à l’école, c’est développer un rapport spécifique au savoir qui va permettre à l’élève, dès son entrée dans le cycle 1, de construire pour chaque domaine précisé dans le PER, les connaissances et compétences utiles et nécessaires à sa réussite scolaire et à son apprentissage des règles du monde qui l’entoure.

Le troisième aspect, la mise en place d’outils cognitifs, lié aux deux précédents, s’inscrit dans l’« apprendre à apprendre » que le plan d’études aborde notamment dans les Capacités transversales. Pour construire les savoirs attendus, l’élève doit s’approprier les règles permettant d’entrer dans le savoir scolaire et acquérir peu à peu les normes propres au travail intellectuel indispensables à la réussite de tout apprentissage.

Bien que les connaissances et compétences précisées dans le PER soient associées à des domaines disciplinaires spécifiques, cela n’induit aucune contrainte organisationnelle. En effet, le travail très intégratif, souvent autour d’un thème, et largement répandu dans les classes de 1re et 2e années du cycle 1, a montré tout son intérêt et son adéquation aux élèves de cet âge. C’est par ce biais que la première partie du cycle va pleinement remplir sa mission et permettre de construire les apprentissages fondamentaux et fondateurs de la scolarité.

  

Notes

[1] cf. Art. 62, al. 4 de la Constitution fédérale : «Si les efforts de coordination n’aboutissent pas à une harmonisation de l’instruction publique concernant la scolarité obligatoire, l’âge de l’entrée à l’école, la durée et les objectifs des niveaux d’enseignement et le passage de l’un à l’autre, ainsi que la reconnaissance des diplômes, la Confédération légifère dans la mesure nécessaire.»
[2] cf. Accord HarmoS, article 3.
[3] cf. Chapitres 1.1., 1.2., 1.3. de la Déclaration.
[4] Groupe romand d’aménagement des programmes (GRAP).